Les malentendus se perpétuent. Contentons-nous de constater que nous avons dans ce pays béni quelque chose de plus à opposer aux critiques étrangers qui nous reprochent si souvent -comme une perversité- de vivre dans les marges douteuses de deux rames: une ancienne et une autre moderne. Il y a chez nous un vaste esprit, il y a des femmes et des hommes qui bâtissent avec leurs tripes un pays dont la fine justesse des contours n’est pas troublée. Nos détracteurs pensent que nous sommes des nains qui tremblent à ras de terre, que toutes nos passions se taisent, parce que muselées, et qu’elles ne peuvent hurler haut. Voici qu’on se remet à parler du Maghzen. Ce retour au passé où on y a laissé vieillir certaines idées étriquées et injustes. Le Maroc d’aujourd’hui a bâti ses fondations avec l’intrépide recherche de la vérité, a retrouvé sa conscience et ses principes et ses revendications sont universelles, eu égard à la grande charte de l’humanité. On peut faire le silence autour de ses ambitions, mais on ne peut l’ignorer. Ce pays est utile et il sait qu’il vient à son heure. Il a, à ne pas en douter, une vocation de vivre dans un Maghreb uni où l’élément géographique disparaîtra; un Maghreb qui brille depuis fort longtemps dans nos logiques monoculaires et qui se plaint d’une usure fâcheuse et stérile.