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"Le manuscrit de Borgès"


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Noureddine Bousfiha n'a pas pour habitude de donner des titres à ses toiles. En voici cependant une qui s'intitule "Le manuscrit de Borgès". Est-ce une simple fantaisie ou un signe révélateur? Ce qu'elle représente: une superposition de cubes emboîtés et décentrés à la fois, donnant à voir par transparence un fond rose-chair à gauche, contrastant avec une plage grise à droite, entre les deux, l'événement une coulée rouge tempérée Parr un empâtement de matière blanche. Elle invite à s'y attarder, comme si précisément elle recélait un message. Cette présence de cubes transparents, comme une fenêtre ouverte, fait penser à certaines toiles de F. Bacon et suscite un faisceau d'impressions, de sensations complexes, polyvalentes: la transparence ouvre sur l'opacité, le cube, cadre délimité, instaure une coupure avec l'environnement, marque un décollement d'avec la réalité, focalisant l'attention sur un univers particulier.
On peut penser que Noureddine, par maints aspects de son travail, s'inscrit dans une telle perspective, avec bien entendu cette différence qu'il est encore à un stade de recherches déjà pleines de promesses. Autre remarque importante pour la compréhension et l'appréciation de sa peinture, la figuration en est absente, contrairement à ce qui se passe chez Bacon où elle revêt un caractère monstrueux chargé d'angoisse. Le monde de Noureddine est celui du fantastique, de l'imaginaire qui explose en une fusion de couleurs. C'est là que résonne en profondeur l'écho du manuscrit de Borges. Le maître de la lettre Aleph, l'inventeur du labyrinthe de l'imaginaire où le serpent de l'énigme, tapi et collé aux méandres labyrinthiques, attend sa proie, le voyageur attiré et séduit par les clartés de l'apparence.
Je me suis amusé à étaler devant moi, ensemble, un jeu de photos de tableaux de Noureddine et du coup voici que se dévoilent des paysages insolites, des traînée laissées par le flamboiement de l'imaginaire, le fraisage, la mémoire de la matière dense, vibrante par la fusion des couleurs, le graphisme assignant l'espace, le jeu de lumière à travers la transparence et l'opacité. Noureddine est poète, sa sensibilité en alerte, lancée à la recherche d"'elle-même, déploie ses expressions, le travail de son écriture selon un double registre: les mots et la couleur. On suit avec sympathie et un vif intérêt ce dialogue alterné d'une écriture engagée dans un jeu de métamorphoses.

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